le Professeur. Alexandre Place (Alias Jean Marc Thuillier)   nous convie à son lumineux monologue :
« ça nous pend au nez » 

Au Quai à 19h

(Amenez grignogloutage & liquide-à-chapeau)

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Quand un maître du verbe découpe le monde en tranches.
Le dernier opus de Jean-Marc Thuillier est corrosif et fascinant.

Avec son personnage du Professeur Alexandre Place, Jean-Marc Thuillier nous fait traverser le temps.
De l’aube de l’humanité à son extinction, nous chavirons dans un récit d’anticipation avec pour seuls instruments un harmonica, un tourne-disque et l’art incantatoire d’un homme seul sur scène.
Dans ce monologue construit sur différentes temporalités se mêlent et s’entrecroisent le sacrifice d’Abraham, la Préhistoire, Madame de Pompadour, Claude François…
avant de basculer dans une époque qui serait la nôtre où les êtres vivants à force de modifications génétiques ne seraient plus que des légumes.
Ils n’ont qu’une seule obsession, grâce à des « ovocytes de rencontres », maintenir l’espèce,
quelle qu’elle soit.
Voilà la naissance de Charlotte, quelle joie ! , mais Charlotte est un tubercule, une vulgaire patate née « des consanguins de fond de vallée », et d’une industrie agroalimentaire pervertie semblant tout droit sortie du célèbre film Soleil Vert de Richard Fleischer.
Sous un aspect grave, l’espièglerie

C’est un univers cauchemardesque et tragicomique qui prend forme, un récit où résonne aussi bien le Meilleur des mondes d’Huxley que l’univers fantasmagorique et surréaliste de Claude Ponty. Comment en est-on arrivés là, demande le professeur Place.
Pourtant nous avons bien vu le jeune porteur d’eau africain devenir enfant soldat,
nous avons bien vu les pâturages se vider au profit des fermes industrielles, les forêts s’embraser,
les hommes imposer leur pouvoir sur les femmes, les prêtres sur les enfants.

Langue qui court, mots qui se délitent, l’auteur décortique le verbe comme Francis Bacon les carcasses, sans fioritures et au scalpel.
Le texte écrit au cordeau, ne laisse aucune place à la respiration, bascule dans le fantastique et la farce burlesque. Mais les mots sont-ils capables de porter la déconstruction du monde ?
Impudique, provocant, outrancier et rabelaisien, ce monologue plein d’humour et de désillusion nous laisse saisis comme des insectes pris dans les phares d’une voiture.
A mi-chemin entre le conte et le roman noir,
Jean-Marc Thuillier invente un genre qui ne ressemble à aucun autre.
Philosophe Thuillier ? Certainement, « en riant, dire des choses graves » disait Nietzsche.

A voir et à entendre absolument
Virginie Mailles Viard collaboratrice, entre autres, de la revue « Le matricule des anges »